L’avant-garde* ouverture, 2025

Atelier de pratique poétique transdisciplinaire

1 Chemin du Vieux Cimetière 09350 Daumazan-sur-Arize, Pyrénées, France

Définition :

avant-garde, avant-gardes

  • 1. Détachement de sûreté rapprochée agissant en avant d'une troupe en marche, pour la renseigner, la couvrir et faciliter son engagement.
  • 2. Groupe, mouvement novateur dans le domaine intellectuel, technique, artistique, etc.
  • 3. Détachement naval ou terrestre qui, en formation de combat, se trouve en avant du dispositif principal.

Aux abords des Pyrénées, sur le terrefort ariègeois, un poste frontière ouvert aux quatre vents se met en place. Un lieu pour se réunir et porter attention au grand filet du vivant, réparer les cordages et vérifier les voiles avant la tempête, échanger les savoirs, planifier de nouvelles explorations poétiques et politiques. C’est en imaginant des aventures personnelles et collectives que nous œuvrons à faire naître des visions, celles d’un monde où le soin et l’attention sont au centre de nos activités. A partir d’harmonies anciennes nous tentons d’ouvrir de nouvelles pistes, des chemins de traverses, entre artisanat et art, entre création et transmission.

C’est par le geste poétique que nous entrons en exploration, activant une acuité perceptive synthétique et dynamique. Alertes, nous analysons mieux notre environnement et les contextes qui nous oppressent autant que ceux qui nous libèrent. Nous cernons mieux les chantiers qui nous sont essentiels et qui potentiellement nous émancipent.

Au centre du village de Daumazan, un atelier d’artiste(s) nommé L’avant-garde, nous invite à circuler à travers différents espaces évolutifs, dans cette une architecture ancienne réhabilitée en plateaux de jeu, formant un grand atelier pluridisciplinaire de 300 m2, où l’on est invité à participer et à faire naître des idées, de nouvelles perspectives, de nouvelles visions, avec fougue et détermination, pourvu que l’horizon soit vaste.

Avec plaisir, Yo-Yo Gonthier

Les lanternes sourdes 1998 – 2025

Photographies, exposition N°1

Sourdes, ces lanternes se font veilleuses pour les aveugles que nous sommes, pour les étourdis qui les confondent avec les vessies de l'agitation productiviste, pour les embarqués du Grand manège ou tourne le capital à la poursuite de lui-même. Paradoxe, que cette photographie ancrée dans la réalité du monde mais libérée de sa prolifération contraignante, de l'injonction de fidélité attachée à toute démarche documentaire. Ici, le photographe ne taille pas dans le continuum de la réalité visible. Nul besoin d'élaguer le superflu déjà absorbé par la nuit. Pas de hors champ. Son geste est proche de celui du peintre devant la toile vierge, de l'écrivain face à la page blanche : de l'écran noir de la nuit surgissent des formes qu'il modèle, sculpte au gré de sa lampe-pinceau pour faire émerger le sujet dans sa pureté. A l'attitude soustractive du reporter, il substitue 1e geste constructeur du dessinateur. Nulle hiérarchie entre ces deux positions. Simplement deux dispositions d'esprit, deux types de création, de re-création du monde.

Une recréation née un jour d'un dessin automatique sur un carnet de croquis. On y voit une barque dans la nuit, dressée sur ses tins ; au-dessus, des fils sont tendus, accrochées, comme du linge, quelques étoiles brillent. Des annotations, encadrent ce dessin, comme autant de préceptes destinés à accompagner
le voyageur dans son parcours d'images : Ne pas prendre de raccourcis, Ne pas trop nourrir la tête, sous peine de déséquilibre, Ne jamais perdre de vue les étoiles de survie. Danger de mort.

De ces étoiles-lanternes séchant avant le départ, un monde est sorti. Ce n'est pas le premier : d'autres, très anciens, peuplés de créatures fossilisées, l'ont précédé. Yo-Yo Gonthier est aussi démiurge. Mais, homme discret et posé, artiste méditatif, il ne s'en vante pas.

Extrait du texte de Jean-Christian Fleury
Yo-Yo Gonthier, Les lanternes sourdes, éditions Trans photographic press, 2003.

LANTERNES SOURDES (SUITE)

lanterne sourde \lɑ̃.tɛʁn suʁd\ féminin

  1. Lanterne faite de telle façon que celui qui la porte voit sans être vu et qu’il en cache entièrement la lumière quand il veut.
  2. Une lanterne sourde est une lanterne dont certaines parois sont opaques, de telle façon que celui qui la porte puisse voir sans être vu et masquer complètement la lumière en cas de besoin.

En 1932, Man Ray (1890-1976) expose sa Lanterne sourde et muette. C’est, bien entendu, un ready-made. Un jeu de plus sur le signifiant puisque l’objet/sujet en question est accablé d’une double infirmité : impossibilité d’entendre, impossibilité d’émettre des sons articulés. Grandeur et misère de la lanterne qui figure dans le catalogue de l’Exposition surréaliste d’objets qu’André Breton organise en 1936 chez le galeriste Charles Ratton. On y trouve les « objets naturels », les « objets naturels interprétés », les « objets perturbés », les « objets trouvés », les « objets trouvés interprétés », les « objets américains », les « objets océaniens », les « objets mathématiques », les « ready-made et ready-made aidé », les « objets surréalistes ». Une liste qui ressemble à un cadavre exquis.

Il y a une vingtaine d’année, l’artiste Yo-Yo Gonthier décide de mener des « Enquêtes photographiques nocturnes » là où il vit et travaille : dans l’île de la Réunion. Il s’engage dans plusieurs directions distinctes et choisit de donner un titre pluriel à son travail d’exploration : Les lanternes sourdes. Le photographe, invisible derrière son appareil, fait apparaître et surgir des lieux et des objets qui, habituellement, sont relégués à l’arrière-plan. Que se passerait-il si la lumière éclairait, en pleines ténèbres, le fond même de notre perception et, peut-être nos « petites perceptions », celles qui font qu’on entend le bruit de la mer sans saisir la sonorité de chaque vague ? Une perception à la fois sourde et vivante qui modèle les paysages et, en eux, les objets qui s’y rapportent. (...)

Extrait du texte de Seloua Luste Boulbina,  pour l'exposition Les lanternes sourdes, L'avant-garde, 4 septembre 2024

 

OUVERTURE 24 MAI 2025

Christobald, concert d'ouverture du grand atelier de L'avant-garde, 24 mai 2025

Bienvenue à L'avant-garde !

* Aller à la proue de son propre navire, à l’avant-garde de soi-même,  faire naître des visions et des projets d’émancipations personnels et collectifs. Yo-Yo Gonthier

 

L'exposition est visible sur rdv, par message au 0688757724